Rencontre avec Xanthe Somers
Qu’est-ce qui t’a menée vers la céramique ?
J’ai fait des études d’Art à l’Université de Cape Town et ai beaucoup pratiqué la céramique pendant ce cursus. Ensuite ma relation à la terre a été marquée par des pauses puis des phases très productives ! J’ai ensuite intégré un atelier à Londres avec un four partagé, pendant près de deux ans. Ce qui n’était pas simple à gérer vu la taille de mes pièces et leur nature plutôt expérimentale.
J’ai donc sauté le pas en début d’année pour prendre mon propre studio dans un espace de création très stimulant – Peckham Levels - et m’acheter mon propre four.
D’où viennent tes inspirations ?
Je suis née et ai grandi au Zimbabwe, dans un contexte politique évidemment très lié au colonialisme. En tant qu’artiste et en tant que céramiste, je m’attache à examiner et révéler les héritages du colonialisme, plus ou moins visibles dans la vie de tous les jours. Je suis arrivée à Londres pour faire un Master en Postcolonial Culture à Goldsmith, ce qui a énormément nourri ma compréhension et mon travail jusqu’à maintenant.
Je crée des objets sculpturaux utilitaires, comme des miroirs, des lampes, des vases, en questionnant leur signification, leur échelle et leur utilité. Mes formes sculpturales sont à cheval entre les espaces de l’imaginaire et du matériel. J’espère qu’elles apportent également un espace de contemplation et de curiosité dans l’intérieur.
Mon sens de la couleur est aussi très influencé par ces origines Zimbabwéennes. Je travaille beaucoup la texture et le touché également, que ce soit via des superpositions de couleurs, des traits vifs de pinceau lors de l’application d’émail, de la terre très texturée et chamotée, différentes techniques de modelage. Les pièces passent jusqu’à 4 fois au four pour ressembler à ce que je souhaite !
Est-ce que tu collectionnes des pièces également ?
Oui j’ai quelques œuvres que j’adore. J’aime particulièrement l’art contemporain africain. La plupart des pieces que j’ai proviennent d’échanges avec d’autres artistes, comme Anna Van Der Ploeg et Siwa Mgoboza. Chez moi il y a aussi beaucoup de mes pièces anciennes ou ratées, pour la plus grande joie de mes colocataires !
Est-ce que tu peux partager davantage ton processus de création avec nous ? Est-ce que tu dessines beaucoup ou bien tu crées directement avec la terre ?
Le rituel de prendre la terre, la sculpter, la modeler, la peindre m’a permis de développer une connexion vraiment intense avec ce médium. Plus je l’emploie et plus je l’explore plus je réalise à quel point j’ai envie d’emmener ce médium au-delà de l’utilitaire pour aller davantage vers la sculpture.
Je fais quelques esquisses rapides des formes vers lesquelles je pense aller mais cela varie toujours au fur et à mesure de la création des pièces. Dernièrement, j’essaie aussi de moins m’attacher aux pièces que je crée ; comme j’expérimente beaucoup, je dois m’habituer aux fissures et à la casse, cela fait également partie du processus !
Quels sont tes projets en ce moment et vers quoi aimerais-tu aller ?
Je fais des pièces de plus en plus grandes ! En tous cas j’ai vraiment envie d’aller vers des pièces qui portent un message social en parallèle de leur fonction. À travers la céramique, j’ai vraiment envie de développer ma démarche en tant qu’artiste.