Rencontre avec Simone Loo
Rencontre avec Lou Thomas, la créatrice de Simoneloo.
Comment as-tu commencé à travailler la terre ?
Ma première rencontre avec la terre remonte à un séjour à Kyoto en 2017. J’ai été touchée par l’artisanat japonais, le côté traditionnel d’un pays que je fantasmais depuis longtemps. Observer les artisans dans leurs ateliers, passer d’une échoppe à une autre, appréhender les différentes textures et techniques, a déclenché en moi une véritable passion.
De retour à Paris, un workshop de modelage à Clay Atelier m’a vraiment ouvert les yeux, et ramenée tout droit à ce que j’avais pu ressentir lors de ce voyage. J’ai tout plaqué et me suis lancée !
A l’été 2019, j’ai participé à une résidence organisée par Salvadore Ceramics. C’est là que j’ai fait la connaissance de Corinne Aivazian, fondatrice de Salvadore et Terra Co. Elle m’a proposé quelques mois plus tard d’inaugurer son nouveau programme de résidence longue au Mexique. San Pablo Etla, Oaxaca... mon rêve servi sur un plateau !
Est-ce que tu peux nous parler de ta résidence à Oaxaca ?
Je suis arrivée à Oaxaca et j’ai tout de suite ressenti un sentiment de plénitude et de familiarité. Découvrir la chaleur des couleurs et des gens au Mexique m’a procuré une immense joie. Chez Corinne, je logeais dans une petite ‘cabaña’ au fond du jardin, en pleine nature.
C’est directement chez les ‘Maestra’ que se déroulaient les cours, lorsque je ne produisais pas à l’atelier. Pas de four électrique ou d’ustensile sophistiqué, mais simplement des objets du quotidien que j’ai découverts sur place. J’ai énormément appris auprès de ces femmes.
Après cette résidence je suis partie trois mois au bord du Pacifique, à Puerto Angel, un village de pêcheur. Je vivais entre terre et mer, avec la montagne toute proche. J’y ai récolté de la terre sauvage. J’ai démarré un processus de recherche plastique, inspiré de l’artisanat local, de la nature environnante, et j’ai pu réaliser un certain nombre de prototypes qui aujourd’hui se retrouvent dans mes collections.
En quoi cela influence ton travail aujourd'hui, de retour près de Paris, à Montreuil ?
Ce voyage a changé énormément de choses pour moi. La culture mexicaine, et plus particulièrement l’attitude et le savoir-faire des artisans m’ont fait respecter d’autant plus la matière et le temps long qui accompagne cet artisanat.
Je me suis imprégnée au maximum de leur savoir-faire, de leurs techniques et de ce travail particulier de la terre. Chacune de mes pièces ‘mexicaines’ ont leurs défauts, qui leur donnent un aspect unique.
Peux-tu nous parler d'un(e) céramiste ou d'un(e) artiste que tu apprécies particulièrement ?
Je pourrais parler de mon amour pour Valentine Schlegel et son aisance stupéfiante à sublimer le bois, la terre, le cuir, ou le plâtre... mais ma pensée va plutôt vers ces femmes artisanes que j’ai pu rencontrer lors de mon passage au Mexique. De Corinne Aivazian et ses ‘Mother Vessels’ tout droit sorties de la mythologie arménienne, aux ‘Maestra’ et leurs techniques ancestrales qui perdurent de génération en génération - leur connaissance incroyable de la terre, leur capacité à monter une jarre en 3 minutes avec pour seul outils un épi de maïs séché et un morceau de cuir.
Est-ce que tu dessines beaucoup ou c'est plutôt spontané, directement avec la matière ?
Avant chaque pièce, je visualise dans ma tête la forme vers laquelle j’ai envie de tendre, puis je me laisse complètement guider par la terre, qui n’est jamais la même sous mes doigts. C’est assez intuitif comme processus !
Découvrir le travail de Simone Loo
Quels sont tes projets et envies pour 2021 ?
Je développe particulièrement mes collaborations avec des chefs. J’ai eu la chance de rencontrer le chef italien Gianmarco Gorni qui m’a fait confiance et a commandé plus d’une centaine de pièces pour son restaurant Goguette à Paris. J’ai adoré collaborer avec lui et imaginer des pièces en adéquation avec sa cuisine. J’ai aussi une nouvelle collaboration en cours pour l’ouverture d’un nouveau restaurant.
Au-delà de ces projets, j’ai récemment pu faire une collecte d’argile de Soulac au bord de l’Océan Atlantique, qui me permettra de faire de nouvelles recherches avec un matériau ultra local. Je suis en quête perpétuelle de nouvelles inspirations, de nouvelles techniques. J’ai toujours envie d’explorer l’artisanat et de voyager. Je prévois une résidence au Japon dès que possible, et un retour au Mexique !