Rencontre avec Viv Lee

portrait de Viv Lee pour Volume Ceramics

 

- On dirait que tu as eu plusieurs vies ! Comment as-tu su que le travail de la terre était ce que tu désirais faire par dessus tout ?

Oui j’ai eu un parcours assez sinueux avant d’en venir à la terre ! J’ai notamment passé quelques mois dans un cabinet comptable à la sortie de l’université… Même si c’était il y a une éternité ! J’ai toujours rêvé d’étudier l’art et ai attendu d’avoir plus de trente ans pour sauter le pas et poursuivre ce rêve. Lors de ma deuxième année à la Glasgow School of Art, un professeur intervenant venu de Chine nous a appris des techniques de modelage de visages en argile... Dès que j’ai touché la matière, j’ai immédiatement senti quelque chose de spécial et depuis je n’ai pas arrêté de créer des pièces et sculptures en céramique. Une fois diplômée, en 2017, j’ai décidé de travailler exclusivement la terre et de lancer mon propre studio.

- Lors de nos discussions au moment où je créais Volume Ceramics, tu m’as également dit que tu avais été fleuriste. Est-ce que l’Art floral a une place dans ton processus créatif, dans la manière dont tu imagines tes pièces ?

J’ai été fleuriste pendant près de 10 ans, avant mes études d’Art. À cette période, j’ai énormément appris au sujet de la forme, la couleur, la texture. Cela a forcément eu des conséquences sur ma pratique de la céramique. Même si je considère mes pièces comme des sculptures qui peuvent vivre seules, je suis aussi particulièrement connectée à la nature et sensible à la beauté d’une fleur. C’est pour cela que mes vases sont fonctionnels.

- Ton travail est très personnel, très « signé ». Quelles sont ou ont été tes influences principales ?

Mon travail récent autour de la collection Sympoiesis a été particulièrement inspiré par le néolithique et l’Art cycladique. Les recherches de l’archéologue Américano-Lituanienne Marija Gimbutas sont très intéressantes et ont nourri mon approche de cette collection.

Mes formes viennent également d’une grande variété d’éléments, comme nos lignes et nos courbes, les formes organiques que la nature peut créer… Je suis aussi inspirée par des artistes bien sûr, comme Salvatore Fiume, Valentine Schlegel et Barbara Hepworth.

- Pourrais-tu nous expliquer en quoi la philosophie Zen est importante dans ta vie quotidienne et en quoi elle infuse dans ton travail ?

Mon intérêt pour le Zen a vraiment modifié mon approche du quotidien. N’importe quelle activité faite en pleine conscience peut devenir une forme de méditation. Comme faire un footing, cuisiner, faire un bouquet de fleurs ou modeler un vase. C’est lorsque j’arrive à apaiser mon esprit que les meilleures idées émergent. Cela nourrit ma créativité, c’est pourquoi je m’efforce d’inclure une forme de méditation à de nombreux moments de ma vie quotidienne.

- Bon nombre des vases que tu crées évoquent des formes humaines. Quelle est ton approche de la forme ? Est-ce que tu dessines ou est-ce totalement intuitif ?

Je trouve la diversité des formes humaines absolument fascinante. Au lieu de chercher la perfection et une symétrie parfaite, j’admire et recherche les irrégularités et asymétries des corps et des visages. La nature a évidemment beaucoup à nous apprendre ! La courbure d’une branche ou les formes des cailloux, toutes créées intuitivement, sont parfaitement imparfaites et simplement magnifiques.

Toutes ces idées et influences s’infiltrent dans mon travail. Lorsqu’il s’agit de créer, j’aime particulièrement le dessin automatique, cher aux surréalistes, qui me permet de découvrir de nouvelles formes. Dernièrement je cherche à davantage lâcher prise, pour que les formes émergent au fil de la matière et du moment.

- Peux-tu nous parler de tes projets en ce moment ?

Je cherche à développer une nouvelle collection liée au lieu où je vis, avec des terres et des émaux qui proviennent de matières naturelles présentes ici.

J’ai grandi à Hong Kong et ai vécu dans différents pays avant de m’installer en Ecosse… Cela m’a permis de comprendre l’importance d’être connectée au lieu où l’on vit. J’ai choisi de vivre ici en Écosse et ressens une vraie connexion avec cet endroit.

Cet hiver, je développe une gamme de pièces pour une marque Britannique et suis en discussion avec quelques galeries pour des expos en 2021, en Angleterre et aux US.

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Crédits photo Gabriela Silveira 
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