Rencontre avec Eloise White

Depuis combien de temps fais-tu de la céramique et comment es-tu venue au travail de la terre ?

C’est lors d’un échange en Ecosse en 2016 que j’ai commencé à travailler la terre. J’ai vraiment senti, en ayant les mains pleines de terre et en commençant à créer avec cette matière, que la terre allait être importante pour moi. Voilà 3 ans maintenant que je fais de la céramique mon métier, en affinant ma pratique au fur et à mesure de mes explorations, de mes résidences et de mes recherches.

Ce qui m’anime le plus est la création de vases en terre, modelés à la main. Je trouve cela à la fois simple et poétique – c’est comme cela que sont faits les vases depuis toujours. 

J’ai récemment déménagé de Sydney à Adelaide en Australie, pour prendre un studio à la Jam Factory, dans le cadre de leur Ceramic Associate program. Jam Factory c’est à la fois de très beaux espaces pour les artistes, une galerie, une boutique... Un endroit où je peux vraiment me consacrer à la création et à ma pratique.

C’est vraiment inspirant de créer dans un environnement pareil, entourée d’autres céramistes mais aussi de designers, de joailliers, de souffleurs de verre. L’année dernière, je travaillais seule dans un petit atelier chez moi. Le fait de déménager à Adelaide me permet d’être entourée et d’échanger des idées avec d’autres artisans très talentueux.

eloise white portrait

Le fait d’être basée à Adelaide a donc eu une incidence sur ta production et tes créations !

Ici il est facile de s’extraire de la ville pour être en pleine nature. Il y a des randonnées époustouflantes au Sud de l’Australie. Les forms de la nature, les plantes, et l’environnement m’inspirent beaucoup – en particulier la faune et la flore Australienne. J’essaie de transmettre cet amour de la terre, de la nature et des paysages à travers ma pratique.

Quelle est l’étape du travail de la terre que tu préfères ?

J’aime particulièrement la technique du modelage au colombin, la plus lente mais celle qui permet de créer n’importe quelle forme. La manière de faire est vraiment importante pour moi. En créant, j’accède à une certaine forme de méditation ; le temps et l’énergie que la création d’une simple pièce demande, m’apportent une vraie satisfaction.

Le côté brut et naturel de mes pièces laisse de la place aux irrégularités, qui restent visibles une fois la pièce terminée. Elles témoignent de cette relation entre la matière la forme et la main. Bien loin de l’impatience et de la production de masse !

Est-ce que tu collectionnes de la céramique ?

Je collectionne des livres d’Art, que j’ai plaisir à feuilleter le matin, pour m’inspirer en prenant mon café. En ce moment sur ma table il y a Isamu Noguchi, A Sculptor's World, Valentine Schlegel, Je Dors, Je Travaille et Henri Matisse, The Cut-Outs.

Peux-tu nous en dire plus sur ta résidence à Jingdezhen, la capitale de la porcelaine ?

J’ai passé plusieurs semaines en Chine pour une résidence international à The Pottery Workshop, Jingdezhen, pour développer ma technique autour de la porcelaine. C’était absolument incroyable de vivre dans une ville dédiée à la céramique. J’ai pu assister à de nombreux ateliers, par des artisans locaux, et apprendre différentes techniques pour travailler la porcelaine. C’est à ce moment que j’ai entendu parler de l'émail Mother of Pearl, qui ne peut être créé qu’à Jingdezhen, je me devais d’essayer !  

mother of pearl lacque

Ce fascinant effet s’obtient en appliquant une laque dorée qui cuit à 200° pendant 6 heures. J’espère que je retournerai à Jingdezhen pour faire davantage de pièces.

 

Le voyage semble faire partie intégrante de ta pratique...

Les résidences à l’étranger et les voyages ont été fondamentaux dans l'évolution de ma pratique. En 2018 j’ai travaillé le grès au studio Shiro Oni, à Onishi dans les montagnes japonaises. L'an dernier j’ai fait des vases dans la capitale de la porcelaine à Jingdezgen en Chine. J’ai hâte que l’on puisse à nouveau circuler librement car j’ai prévu de faire une Résidence en Toscane à la Villa Lena. L’occasion de créer des pièces en terracotta, à partir de terre collectée dans les environs de la Villa.

Vers quelle direction as-tu envie d'aller ?

La terre a une place centrale dans ma vie et dans ma pratique, mais j’ai également très envie d’expérimenter d’autres matériaux comme la pierre et le bois. Je compte profiter de ma résidence en Italie pour apprendre à sculpter le marbre. Un medium qui provient de la terre mais qui pardonne moins que la terre… Je suis curieuse de voir les nouvelles formes que je vais créer en travaillant de nouvelles matières !

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